La course du loup

de Kerstin Ekman

(aux éditions Denoël – collection Denoël et d’ailleurs – traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy- 208 pages)

Issu d’une ancienne famille du Hälsingland, Ulf Noorstig vit avec sa femme Inga dans le village de Loasen. Retraité de l’Office National des forêts et chef de chasse, il possède une vieille caravane qui lui sert de cabane et de poste d’observation en forêt. Il s’y rend régulièrement accompagné de la fidèle Zenta, sa chienne.

Inga s’occupe différemment. Elle coud, jardine, lui prépare de bon petits plats et surtout prend grand soin de son mari fatigué et atteint d’une angine de poitrine.

Un jour qu’il se trouve dans les bois, après avoir aperçu diverses traces, il croise enfin les yeux d’un loup gris et dès cet instant, son cœur et son univers tout entier chavire. Il le surnommera Hauts-sur-Pattes. Il ne dira rien à personne mais ses compagnons de chasse, eux, le découvrent aussi et ne pensent alors qu’à une seule chose : le tuer lui et ses semblables demeurant dans le secteur.

Les coutumes ancestrales d’un peuple balayées d’un unique regard avec la bête, voilà comment tout est remis en question dans la vie d’un homme à l’aube de ses soixante-dix ans.

Kerstin Ekman

Kerstin Ekman est née en 1933 dans la province d’Ostergotland, dans le sud-est de la Suède. Elle a rencontré un grand succès grâce à ses romans policiers avant de se tourner vers la littérature blanche. Elue membre de l’Académie Nobel en 1978, elle quitte néanmoins ses fonctions en 1989 en guise de protestation devant la non-dénonciation par ses collègues de la fatwa lancée contre Salman Rushdie. Son fauteuil perpétuellement vide, ne pourra accueillir un remplaçant qu’après sa mort. Entre autres : 30 meter mord, 1959, Le soleil ne se couche jamais, 1968, Menedarna, 1970, Hiver des mensonges, 2002, Le Signe de jadis, 2007.

En Suède, une chasse géante au loup qui divise | AFP source : https://www.youtube.com/watch?v=d1qjQu5Xrt0

L’appel de la nature se fera dès que vous poserez les yeux sur la couverture de La course du loup. En tournant les pages, au fur et à mesure que vous pénétrerez sur leur territoire, la défense de ce magnifique animal s’imposera tout naturellement en vous. Et si cela ne fonctionne pas, tant pis, Kerstin Ekman n’aura pas su vous toucher au plus profond de votre être.

Dans cette forêt, vous frémirez en apercevant leurs empreintes, vous entendrez le crépitement de la neige sous leurs pattes, vous sentirez leur souffle chaud sur votre peau, vous aurez envie de caresser cette fourrure si soyeuse, de les suivre dans une course effrénée à travers bois et par dessus tout, de vous dresser entre eux et cette horde de chasseurs sanguinaires.

La course du loup est un récit profond. Le personnage principal ressent désormais la vieillesse, il est malade et sait qu’il part peu à peu. Tout cela l’amène à faire le point sur sa vie et sur ce qui l’entoure. Ici en l’occurrence, il s’agit de la chasse, de son utilité et de sa finalité. Par la recherche de la rédemption, il espère peut-être une bouffée d’oxygène, sans doute salvatrice. Il revient aussi sur son passé, se souvient parfois avec douleur de son père et de son grand-père.

L’auteure ne partage pas l’avis d’Alfred Bremh, zoologue et écrivain allemand, qui décrit les loups comme « des crieurs et des voleurs à quatre pattes » et s’interroge sur le fait qu’il ait vraiment vu cet animal sauvage un jour. Kerstin Ekman cite d’autres auteurs comme Llewellyn Lloyd et Gustaf Schröder et fait références à des histoires anciennes ou des légendes comme La saga de Njáll le brûlé.

La course du loup c’est aussi la course de l’homme contre le temps. Ce temps qui passe trop vite et que l’on ne rattrapera jamais. Une course perdue d’avance en somme.

Le personnage d’Inga est très intéressant, discrète et présente à la fois, douce et forte, elle accompagne Ulf. Certes c’est un personnage secondaire mais essentiel car elle est le pilier de son mari et certainement aussi celui de ce roman.

Pendant votre lecture et une fois terminée, vous aurez sans doute l’impression de connaître Ulf et Inga et vous aurez raison car Kerstin Ekman a su nous faire entrer dans leur univers comme si nous faisions partie de la famille.

A l’heure où la chasse au loup divise plus que jamais en Suède et ailleurs, une réflexion profonde sur la véritable nature de l’Homme et ses motivations s’impose mais encore faut-il le vouloir…

4ème de couverture

« J’ai vu un loup » : c’est ce que se répète en boucle Ulf, garde-chasse à la retraite, depuis que tapi dans une caravane niché en pleine forêt suédoise, il a plongé son regard dans les yeux d’un majestueux spécimen. Lui, le chasseur le plus redouté du village, s’est trouvé remué jusqu’au plus profond de son âme par cette rencontre furtive.
Mais les membres de la communauté n’ont qu’une idée en tête : tuer tous les loups des environs afin de protéger leurs troupeaux. Ulf ne se sent plus à sa place parmi ses voisins dont la violence des traditions, désormais, le heurte. Il perd son rôle de chef de meute, et devient la cible de ses anciens frères d’armes. La situation se tend encore après la découverte d’un homme se vidant de son sang dans une cabane.

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Comments (

8

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  1. Fanny H

    Oui, c’est une histoire qui nous touche obligatoirement, le temps qui passe. Merci.

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  2. Light And Smell

    La course contre le temps, un sujet sans fin. Quant au loup, c’est un animal qui me fascine.

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    1. Fanny H

      Egalement, quel bel animal !

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    2. Fanny H

      Je les adore aussi🥰 j’ai bien l’intention d’avoir un chien loup de tchécoslovaquie un.jour.

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      1. Light And Smell

        Joli projet ❤

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  3. Collectif Polar : chronique de nuit

    Voilà qui pourrait me plaire.
    Merci pour ce beau retour 🙂

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    1. Fanny H

      Avec plaisir.

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      1. Collectif Polar : chronique de nuit

        😀

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