Le Blog de Fanny H

Depuis l’enfer gris,

Lettres de Rédoine Faïd à Plana Radenovic

de Plana Radenovic

(aux éditions Michalon – collection Polars Réels – 208 pages)

Depuis l’enfer gris est un échange de lettres que Rédoine Faïd a engagé le 13 janvier 2020 avec la journaliste Plana Radenovic suite à son article paru le 27 octobre 2019 dans le JDD (Journal Du Dimanche).

Né en 1972 en Picardie, Rédoine Faïd est d’origine algérienne, issu d’une famille très nombreuse et d’un milieu ouvrier. Leur père les abandonnera tous pour repartir en Algérie. Leur mère décédera des suites d’une longue maladie en 1991. Passionné par le cinéma, il aimera autant les flics et les voyous.

Après diverses infractions, il passe un cap dans le banditisme en braquant en 1990 et l’attaque de fourgon. E’n 1995, il prend en otage la famille d’un directeur de banque et l’oblige à ouvrir le coffre. Les braqueurs sont tous déguisés : père Noël et hommes politiques. Ils offriront même des jouets aux enfants. S’ensuit cavale, arrestation, prison puis libération conditionnelle au bout de onze ans.

En 2010, Faïd co-écrit avec Jérôme Pierrat Braqueur : Des cités au grand banditisme. Suite à la promotion de ce livre, il affirme que tout cela est loin derrière lui désormais.

Le 20 mai 2010, Aurélie Fouquet, 26 ans, policière municipale est tuée lors de l’attaque d’un fourgon dans le Val-de-Marne. Arrêté le 28 juin 2011, il s’évade le 13 avril 2013 de la prison de Loos (Nord) à l’aide d’explosifs. Interpol le recherche. Repris, il sera condamné à dix-huit ans. Son frère à vingt ans par la justice algérienne pour le meurtre de la jeune policière. Même s’il n’était pas présent, Rédoine sera condamné aussi car il est accusé d’être le commanditaire du braquage.

Juillet 2018, il s’évade en hélicoptère du pénitencier du sud francilien en Seine-et-Marne. Il eut l’idée de se cacher sous une burka et se fait coincer par les flics.

A trop s’imaginer être dans un film à grand spectacle, Rédoine Faïd aurait dû savoir faire la différence entre la fiction et la réalité car cette dernière finit toujours par nous rattraper.

Plutôt tournée vers les autres, Plana Radenovic, une fois devenue journaliste, s’est intéressée au monde de la prison. Elle est directrice de la collection Polars Réels aux éditions Michalon.

La première rencontre entre Rédoine Faïd et la journaliste aura lieu en octobre 2019 à la prison de Lille-Sequedin.

Au fur et à mesure, ils finiront par passer du vouvoiement au tutoiement.
Il est difficile pour l’auteure de ne pas devenir proche.

Plana Radenovic souhaite dénoncer le traitement inhumain que le prisonnier a subi et le risque des conséquences psychologiques allant à l’encontre de l’avis médical. Alors que des violeurs d’enfants, des assassins et des terroristes comme Salah Abdeslam bénéficient de souplesse. Les directeurs de prison et la justice lui feront payer pendant de nombreuses années le fait qu’il s’est tout simplement joué d’eux.

Rédoine Faïd est un prisonnier aux multiples évasions dont deux particulièrement spectaculaires. On ne peut alors que penser à certains films à grand succès. La réflexion posée et éclairée du gangster sur le monde vous surprendra peut-être, en particulier son avis sur la lecture. Il a un regard incroyablement lucide et s’exprime de façon ordonnée et sans ambages.

Dommage qu’il n’ait su utiliser ses capacités à bon escient car à ce jour, il existe toujours des personnes traumatisées à vie par ses actes de « démonstrations » ainsi qu’une famille endeuillée, celle d’Aurélie Fouquet.

(Merci aux éditions Michalon et à Plana Radenovic)

Plana Radenovic sera présente le 30 septembre 2023 au Salon du Polar de Templemars (Nord)

4ème de couverture

De Rédoine Faïd, on connaît l’histoire – son lent glissement vers la  » braquo-dépendance « , ses inspirations cinéphiles, l’adrénaline, la cavale, l’arrestation, la prison et les regrets. Sa réputation de légende du grand banditisme doit beaucoup à ses deux évasions, dont la dernière, en hélicoptère, lui vaut aujourd’hui d’être incarcéré à Fleury-Mérogis, soumis à un isolement et à un régime carcéral drastiques.

Lorsque Plana Radenovic le rencontre au parloir dans le cadre d’une interview, Redoine Faïd cumule déjà plusieurs peines, pour près de trente ans de réclusion criminelle. La correspondance présentée ici est le fruit d’une amitié de papier qui court depuis trois ans, née entre un homme destiné à vieillir en prison et une jeune femme désireuse d’ouvrir une fenêtre sur cet  » enfer gris « .

Comment survit-on à l’enfermement 22/24h, dans une cage en béton de 9m2, sans aucun contact physique humain ni perspective de liberté ? En entrant ainsi dans le monde de la prison – ce  » trou noir  » relégué hors des villes, dans lequel chacun pourrait un jour plonger – Plana Radenovic nous tend un miroir sans complaisance de notre société et signe un document qui vient interroger le sens donné à la peine carcérale et à la réinsertion des détenus.