Le Blog de Fanny H

Norferville

de Franck Thilliez

(mai 2024 aux éditions Fleuve – collection Fleuve Noir – 456 pages)

Au Québec, à Norferville, en 1996, deux jeunes adolescentes se font violemment agresser en rentrant de soirée.

Vingt années se passent.

Teddy Schaffran est psycho criminologue à Lyon. Avec Garance, son associée, ils ont créé l’agence Schaffran & Decupper. Obsédé par l’affaire du tueur en série surnommé le Chalumeau, il enquête en parallèle de la police.

Léonie Rock, officière de police, est envoyée sur la côte Nord afin d’enquêter sur le crime atroce d’une jeune femme. C’est une région qu’elle connaît bien, elle, la sang mêlée.

Une chasse funèbre au cours de laquelle le baiser glacé de la faucheuse vous mènera tout droit aux royaumes des âmes.

Son deuxième roman, Train d’enfer pour ange rouge est nommé pour le prix sncf 2004. C’est l’arrivée de son personnage principal Sharko. Il publie en 2005 La Chambre des morts adapté en film. Pour ce roman, il reçoit le prix des lecteurs Quai du polar 2006 et le prix sncf du polar français 2007. Il crée, avec Nicolas Tackian, le téléfilm Alex Hugo. Passionné de thrillers depuis toujours, son maître est Stephen King. Il est également scénariste de la bande dessinée La brigade des cauchemars.

Dans Norferville, comme il sait si bien le faire, Franck Thilliez brise dès le départ ses deux personnages principaux. Léonie porte le poids d’un passé extrêmement lourd qu’il est impossible de garder sans conséquence pour elle-même et les autres. Teddy, enquêteur hors-pair, fait des cauchemars récurrents l’entraînant peu à peu dans un abîme sans fond et que l’on imagine aisément sans retour.

Cependant, à travers la souffrance, il semble apparaître une faible lueur de vie, vacillante certes mais insufflée par une force puissante, celle de la vengeance et de la recherche de la vérité.

Dans son dernier thriller, l’auteur est plus dans la retenue ; il y a moins de crimes horrifiques que d’habitude. Il installe l’intrigue tranquillement et fait appel à notre imagination ainsi qu’à nos sens. Il insiste sur le paysage enneigé et le froid en s’attachant aux moindres détails afin de nous immerger le plus possible dans la lecture.

Même si Franck Thilliez procède, comme toujours, à de nombreuses recherches précises et minutieuses, pas de termes scientifiques ni de Darknet cette fois-ci. Nul besoin. L’auteur nous offre un face à face entre la nature et la bestialité de l’Homme.

Il manque peut-être un peu d’expressions ou de vocabulaire québécois, mais il est certain que c’est une prise de risque. Dans ce cas-là, il vaut mieux le faire relire par quelqu’un de là-bas ; le langage évoluant comme partout, certains mots pourraient être employés alors qu’ils ne sont plus utilisés couramment.

Les fans d’X-Files verront certainement à un moment donné une référence au terrifiant Eugène Toons.

En communiant avec leur environnement naturel, le peuple Innut retrouve le leg primitif de ses ancêtres. Mais c’était sans compter sur l’homme dit blanc qui a choisi de les parquer dans des réserves tels des animaux et ainsi les maintenir sous leur coupe en les affaiblissant par la drogue et l’alcool. La violence faîte aux femmes est également omniprésente. Bienvenue à Enferville…. Peu s’en sortent en général et ceux qui y arrivent gardent en eux de profondes blessures. Pour ceux qui restent, ils sont prisonniers à tout jamais de cette vie et ne la quitteront que les pieds devant vomis par un système pourri et destructeur.

Norferville est une histoire aussi froide que la mort elle-même.

Norferville, ce sont les hurlements d’effroi des femmes innus envoyées en enfer.

(Merci à Manon des éditions Fleuve et à Franck Thilliez)