Du thé pour les fantômes
Une quête intime où la poésie des contes infuse le réel
de Chris Vuklisevic
(mai 2023 aux éditions Denoël – collection Lunes d’encre – 448 pages)

Nous sommes dans les alentours de Nice, plus précisément à Bégoumas, en 1940. Carmine attend deux bébés. Elle et son mari, berger, n’en demandait pas tant. Un leur aurait amplement suffit avec tout le travail qu’ils avaient déjà. Mais la nature a décidé de lui jouer un autre tour beaucoup plus cruel cette fois-ci, car son époux décèda avant l’arrivée des enfants. C’est Mireille, une sage-femme, qui l’aida à accoucher de deux petites filles.
La première hérita du doux prénom de Félicité alors que pour la seconde c’était Agonie. Rappelez-vous que de prime abord la maman n’en voulait pas et de plus, elle fit beaucoup souffrir sa jeune mère. Bienveillante, Mireille en décida autrement et fit inscrire le nom d’Egonia à la place sur le registre de la mairie.
Les années passèrent tant bien que mal au sein d’un environnement rude et sauvage jusqu’à ce que l’une d’entre elles partit en internat au lycée. Trente ans vont ainsi s’écouler sans qu’elles ne se revoient quand survint alors le décès de Carmine.
Un passé révélé, des secrets de famille enfouis qui ressurgissent, une passeuse de fantômes, des théières pas ordinaires pleines de thés extraordinaires. Mais je vous en prie, asseyez-vous donc afin que l’archiviste vous raconte la suite. Que prendrez-vous comme thé ?

Chris Vuklisevic est née en 1992 sur la côte d’Azur. Elle est créatrice du podcast « Le club où on discute d’écriture sans filtre », qui lève le voile sur les coulisses de la vie d’auteur. Du thé pour les fantômes est son deuxième roman.
Quand délicatement vous prenez entre les doigts la couverture Du thé avec les fantômes et que vous la tournez pour l’ouvrir, vous n’entrez pas dans un livre, pas du tout, vous pénétrez dans un salon de thé tout simplement. Vous rencontrerez une clientèle pas comme les autres… et vous serez chaleureusement accueillis même si la patronne est une sorcière. Un archiviste vous attend pour vous narrer une histoire incroyable et vous conseiller sur le choix d’un « étrangethé ». A travers ce personnage, l’auteure s’adresse directement à nous. Elle nous invite à quelque chose de mystérieux et de doux à la fois, un thé lointain, peut-être blanc, agrémenté d’un miel de rose par exemple. Cet employé des archives va vous orienter vers la Vallée des merveilles et vous parler de l’arrière-pays niçois, Tournefort, Roquebillière, Gordolon, etc. et de deux sœurs, qui chassent les spectres.
Nous suivrons leur naissance, leur enfance, leur adolescence et il se passe alors trois décennies sans qu’elles ne se voient et que le destin décide à nouveau de les réunir avec le décès de leur mère. Même chez les sorcières, il faut bien souvent un évènement tragique pour renouer des liens familiaux ou du moins un semblant. Commence alors un long voyage, une recherche sur le passé, un besoin de retrouver ses racines pour les deux soeurs.
Chris Vulkisevic a choisi la légèreté et la fantasy pour nous parler de sujets plus sérieux. Elle évoque le trouble dissociatif de l’identité et la maltraitance physique et psychologique d’un parent envers un enfant. Mais aussi le lien si particulier qui unit des jumelles.
Au cours de votre lecture vous aurez l’impression d’être une entité qui les suit dans leur quête mais est-ce juste une impression ? Qui sait…
Du thé pour les fantômes, un conte « théérique » original et décalé, une très belle parenthèse poétique. Soulevez délicatement le couvercle de la théière, savourez cet intriguant ouvrage emplis de malice et de délices au cœur de la vallée des merveilles.
(merci à Théophile des éditions Denoël et à Chris Vuklisevic)


4ème de couverture
« Quand on est vivant, on occupe les places que les morts ont laissées. C’est la règle. »
Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes. Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu’au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.
Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l’une et rejeté l’autre. Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire.
Que voulait-elle révéler avant de mourir ? Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?
Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d’Almería, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.

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