Le dernier festin des vaincus
d’Estelle Tharreau
(novembre 2023 aux éditions Taurnada – collection Le tourbillon des mots- 226 pages)

Sur la côte Nord du Québec, à la réserve indienne de Meshkanau près de Point-Cartier, Naomi Sheegan, seize ans, est introuvable depuis le soir du réveillon de la nouvelle année. Sa mère ne s’est pas inquiétée car elle pensait que sa fille était restée dormir chez son petit ami. Pourtant, elle a bien reçu un appel en détresse de l’adolescente ce soir-là… mais Michèle avait aussi fait la fête, beaucoup bu… comme chaque jour… et elle n’était pas en état de quoique ce soit… peut-être a-t-elle même rêvé ?
Cette disparition n’arrange pas les affaires de tout le monde. La police et le maire en ont déjà bien assez avec les problèmes qu’engendrent le projet d’une scierie et les revendications des uns et des autres.
Dans un environnement où l’on fait peu de cas d’une jeune autochtone disparue, un étudiant issu d’un milieu social aisé va tout mettre en œuvre afin de faire éclater la vérité au grand jour au mépris du danger.

Originaire de Lyon, l’auteur grandit dans la Drôme. Après des études de Lettres et un milieu professionnel en Guadeloupe et en Côte d’Ivoire, elle commence à écrire en 2015 et signe en 2016 chez les éditions Taurnada. Elle est l’auteure de, entre autres, L’Impasse, 2017, Les eaux noires, 2021, Il était une fois la guerre, 2022.
Dans Le dernier festin des vaincus, l’auteure a choisi, une fois de plus et avec brio, un sujet engagé. A travers l’histoire douloureuse des autochtones dans le monde, nous voici au Québec. Avec d’un côté, la réserve des innus, totalement méprisés, et de l’autre, une population qui s’est appropriée leurs terres pour ensuite les parquer comme de vulgaires animaux. Une déchéance la plus totale où l’alcool et la drogue rythment leur quotidien sans réel avenir possible.
Encore une belle part d’inhumanité réalisée au nom de Dieu. L’endoctrinement et la violence envers les enfants dits sauvages est une honte. Tentatives vaines, ils n’auront fait qu’accroître le racisme.
Ce roman est basé sur des faits réels. Estelle Tharreau évoque la terrible affaire Davis Inlet, une communauté d’innus. En 1992, six enfants de six mois à neuf ans sont décédés dans leur maison en feu. Les parents alcoolisés, s’amusaient à une soirée. A peu près un quart de cette population avait tenté de mettre fin à ses jours l’année précédente. Certains enfants étaient reconnus officiellement comme drogués. Mais tout cela n’a pas suffi. Il fallait les détruire, les anéantir afin de nourrir une haine viscérale.
Peu de personnes se sont sorties de cette misère. Et pour ceux qui ont réussi à échapper à tout cela, ils devront faire face toute leur vie au regard des autres envers leurs origines.
C’est un peuple qui ne demandait qu’à vivre comme leurs ancêtres et simplement transmettre leurs valeurs et leurs traditions.
Estelle Tharreau a cette rare capacité de réussir à se glisser dans la peau de ses personnages, surtout féminins, et à nous retransmettre leurs émotions les plus profondes.
Le dernier festin des vaincus, encore une belle claque de rappel face aux atrocités de l’Homme, le triste destin d’un peuple.
(Merci à Joël des éditions Taurnada et à Estelle Tharreau)


4ème de couverture
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau. Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes. « Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »
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