La disparition d’Hervé Snout

d’Olivier Bordaçarre

(janvier 2024 aux éditions Denoël – collection Sueurs froides – 368 pages)

Nadine Raybert exerce la profession de famille d’accueil au sein d’un foyer aimant composé de son mari, Alain, garagiste et de leur fils Gabin âgé de quatorze ans.

Les services sociaux vont placer chez eux le jeune Gustave Romonde, douze ans, en grande souffrance, retiré de sa propre famille pour de très graves maltraitances.

Gabin est bon et protecteur. Personne ne fera plus jamais de mal à celui qu’il considère désormais comme son frère.

Est-ce que l’amour familial est capable de tout accepter ? Tout endurer ? Et que se passe-t-il le jour où la limite est atteinte, voire franchie ?

Oliver Bordaçarre est né en 1966 à Paris. Il est écrivain, metteur en scène de théâtre, dramaturge et comédien. Il a publié une dizaine de romans, dont Dernier désir (Fayard, 2014), en cours d’adaptation au cinéma. (source éditions Denoël)

La disparition d’Hervé Snout, un titre somme toute peu accrocheur, certes, mais ce thriller vous surprendra bien plus que vous n’auriez pu l’imaginer.

Quatre parties principales le composent, et quelles parties… Entre chacune, une infime pause est nécessaire le temps de tourner les pages afin que le lecteur puisse au moins avoir quelques secondes de réflexion et se faire sa propre opinion.

Dès la deuxième page, vous vous prendrez une bouffée de bonheur mais qui sera de courte durée. La triste condition des enfants victimes de maltraitance balayera ce sentiment euphorique qui ne durera qu’un instant.

La disparition d’Hervé Snout, marié et père de deux enfants, est le minuscule grain de sable qui vient enrayer les rouages d’une vie familiale bien rangée. Le mécanisme était déjà grippé, commençait même à se fissurer mais personne ne voyait rien ou du moins faisait semblant de ne rien voir. Cela arrangeait tout le monde. Seuls comptaient les apparences jusqu’à ce que tout explose en mille morceaux. Boum.

S’ensuit une descente longue et douloureuse pour madame Snout.

Les heures et les jours de la disparition vont s’égrener inlassablement pour elle, sa fille et son fils, adolescents.

Combien de foyers, de couples, seraient « vides » sans la présence des enfants et l’éducation chronophage qui leur est consacrée ? Quand ces derniers quittent le nid, les parents ayant été côte à côte pendant des années se retrouvent alors face à face. L’heure du bilan sonne. L’auteur a parfaitement su retranscrire cela et nous propose un point de vue tout en finesse.

Certaines personnes pensent parfois à tort que les enfants ou les adolescents ne font pas attention ou ne comprennent pas certaines situations alors qu’en fait ce sont de véritables éponges.

Ce que l’on subit dans l’enfance impacte obligatoirement notre vie d’adultes dans notre comportement et nos décisions, que ce soit positif ou négatif.

Olivier Bordaçarre évoque aussi d’autres problèmes très importants inhérents à notre société : les féminicides, le suicide au sein de la police, le harcèlement scolaire, la condition animale.

Dans ce thriller, l’auteur commence la dissection des liens intrafamiliaux à la manière d’un François Mauriac pour nous mener ensuite tranquillement vers une bombe humaine à vous donner la nausée…

(Merci à Théophile des éditions Denoël et à Olivier Bordaçarre)

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Comments (

3

)

  1. Nath – Mes Lectures du Dimanche

    Il va bientôt atterrir dans ma PAL !

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  2. Collectif Polar : chronique de nuit

    Un auteur que j’apprécie beaucoup !

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  3. Light And Smell

    Il y a l’air d’avoir une certaine profondeur dans ce thriller et les thèmes abordés.

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